Kashima paradise, le cinéma de Yann Le Masson (1961-1984)

Caméraman d'exception et par ailleurs marinier, Yann Le Masson est une légende du cinéma direct dont chaque film balisa l'histoire du geste documentaire. Coréalisé avec Bénie Deswarte, "Kashima Paradise" (1973) est son chef d’œuvre. Radiographie radicale du capitalisme nippon et véritable vivisection du pays, la violence des scènes finales, mettant aux prises à Narita forces de l'ordre et paysans opposés à la construction d'un aéroport, lui valut d'être comparé aux plus grands maîtres du septième art : Eisenstein, Fellini, Kurosawa. Témoignant de la fureur du monde, arrimé à l'Histoire immédiate, Yann Le Masson reste paradoxalement un très grand cinéaste de l'intime, filmant la perte, la maladie d'un proche ou l'émotion de la naissance avec une dignité bouleversante, comme autant d'expériences personnelles rattachant chacun à l'universalité. 
"J'ai huit ans" (1961, 10 min) : A partir de leurs dessins, des enfants algériens parlent de leur expérience de la guerre. 
"Sucre amer" (1963, 24 min) : En 1963 à la Réunion, Michel Debré, premier ministre du général De Gaulle, vise le poste de député. Yann Le Masson suit sa campagne mouvementée. 
"Kashima Paradise" (1973, 107 min) : à la fois enquête au scalpel sur la société japonaise, grand film d'action et monument du cinéma direct. 
"Regarde elle a les yeux grands ouverts" (1980, 76 min) : Auprès de femmes du MLAC, militantes du droit à l'avortement, Yann Le Masson réalise paradoxalement un des plus beaux films tournés sur l'émotion de la naissance. 
"Heligonka" (1984, 26 min) : Atteint de cécité, Patrick, frère de Yann, apprend à voir avec ses mains et à entendre sa fille.